Los Angeles, correspondance.
Les psychologues disent qu'il est important de ressentir quelque chose au moment de tuer.» Selon le journal de la Silicon Valley, le San Jose Mercury News, c'est ainsi que la compagnie Logitech vante Wingman Force, un joystick pour ordinateur qui permet au joueur de tester des armes à feu. Mais le slogan à fleur de gâchette est passé à la trappe durant l'Electronic Entertainment Expo (E3), le cinquième Salon annuel des pros du jeu vidéo, à Los Angeles (Californie) qui a accueilli 50 000 personnes en trois jours la semaine dernière. De toute évidence, les fabricants n'ont pas voulu alourdir l'atmosphère déjà chargée. Dès l'arrivée à l'aéroport, des visiteurs et des représentants des 400 exposants ont été accueillis par de (petites) manifestations contre la violence dans les jeux. A peine avaient-ils monté leur stand que les médias américains leur tombaient dessus avec un seul mot à la bouche: «Littleton!» (du nom de la ville du Colorado où, le 20 avril, deux lycéens ont abattu treize de leurs camarades avant de se suicider, ndlr).
Furieux d'être les boucs émissaires d'une tragédie incompréhensible, la majorité des exposants était sur la défensive. Le président de l'association Interactive Digital Software a vite sorti son bouclier: «Aucune étude ne peut démontrer que les jeux électroniques entraînent la violence», a déclaré Douglas Lowenstein. «Les jeux vidéo n'enseignent pas la haine. Ils n'apprennent pas à devenir nazi.» Effort partiellement gâché