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Libération

La machine. L'Enfer.

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publié le 24 septembre 1999 à 0h51

Ils s'aiment et veulent que ça se voie. Sur la moquette, le duo

s'embrasse, s'enlace, et jette, de-ci de-là, un regard détaché sur le monde qui l'entoure. Le monde? Une foule affairée à tripoter des machines. A côté du couple: une caméra reliée à un Mac portable, pour immortaliser l'instant. L'amour cyber. Horreur, malheur. Ça se passait samedi, à Paris, à l'heure de l'appel d'Apple, à l'heure de l'expo inratable, celle des aficionados de la marque à la pomme.

Comme chaque année, ils étaient là, à la porte de Versailles, à se prendre pour des rois, des échappés de la guillotine Windows, des sans-culottes face à l'hégémonie Microsoft. Des dizaines de milliers, et nous avec. Dans leur tête: la même frénésie, la même quête, vaine et belle, folle et fiévreuse, de la nouveauté. Tous vers le hall 7.3, pour toucher les dernières bêtes, le portable Ibook, le Palm V ou le G4. Des machines du tonnerre, plus belles, plus rapides, plus performantes, plus plus" Le tout dans un boucan du diable, avec des extraits sur écran géant du prochain Star Wars et des cliquetis tous azimuts. Stands, affichettes fluo, emballages carton, démonstrations à n'en plus finir. Un monde à part, délicieux, effrayant. Qui pourra dire à quoi ça rêve, un «nerd».

Ils sont pourtant là, les fondus. On pourrait leur demander: «Mais vous faites quoi, ici?» Sûr, ils répondraient gentiment. Oui, on pourrait les questionner. Comme les amoureux, avec leur webcam. Comme ce studieux, qui tient bon son calepin, note les tarifs