Stockholm, de notre correspondant.
Champions du monde. Les Suédois veulent être champions du monde. Alors que, depuis des mois, la succession de délocalisations, de ventes et de fusions de leurs multinationales ébranlait la confiance des Suédois et les laissait sur un angoissant sentiment de vide, l'Internet leur redonne foi en l'avenir. Depuis cet été, le royaume scandinave semble être pris d'une hystérie collective. «Bande large», les Suédois n'ont plus que ces mots à la bouche. Même le Premier ministre, lors de son discours de politique générale la semaine dernière, a prononcé le mot magique qui désigne les réseaux à grande capacité de transmission (lire encadré). «La Suède, a-t-il dit, doit être une nation appartenant au groupe de tête des sociétés de l'information ("). Cela suppose des investissements dans des infrastructures d'information à large bande.» En quelques mois, cette satanée bande a embrasé le pays.
L'étincelle a été provoquée par un iconoclaste de 27 ans. A la tête d'une société de conseil pour l'Internet comme il en grouille en Suède, Jonas Birgersson a bluffé tout le monde en dessinant à gros traits un avenir radieux pour le pays. En investissant tout de suite et massivement dans la bande large pour équiper le pays entier, se plaît-il à marteler, la Suède va devenir numéro 1 mondial, servir de marché test et donner aux compagnies suédoises une longueur d'avance sur les autres. Il faut 60 milliards de francs, une bagatelle vu l'enjeu. Sa compagnie, Framtidsf