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SPECIAL CHINE. La quadrature de l'idéogramme. Fabriquer un clavier qui reprendrait les milliers de signes du mandarin est irréaliste. Alors il faut traduire""

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publié le 1er octobre 1999 à 0h57

C'est le casse-tête de l'époque high-tech. D'un côté, un clavier

100% occidental, avec l'alphabet latin. De l'autre, un écran d'ordinateur. Objectif: afficher du mandarin, une langue dont l'écriture est fondée sur plusieurs milliers d'idéogrammes, chacun représentant un concept ou un mot. «Il est évident qu'on ne peut pas fabriquer un clavier avec tous les idéogrammes», explique Chen Zhi, directeur du laboratoire de recherche de Stone Rich Sight, un éditeur de logiciels de Pékin. A moins d'imaginer un clavier monstrueux.

Alors les Chinois rusent: à défaut d'un clavier à leur sauce, ils conservent l'outil occidental. Et s'appuient sur le pinyin, la transcription phonétique du mandarin en caractères latins. Démonstration: le chercheur pianote «chen», son nom en pinyin, sur son clavier. A l'écran, le programme lui propose" 176 idéogrammes possibles! A lui de choisir la graphie idoine. «C'est l'inconvénient de la méthode, sourit-il. Tous les Chinois de plus de 30 ans connaissent le pinyin, mais à chaque transcription correspondent plusieurs idéogrammes.» Selon le ton employé ou le contexte, le mot chen en chinois peut signifier tout à la fois «lourd», «ancien», «profiter» ou encore «sombrer». Et à chacun de ces sens est associé un idéogramme bien précis. C'est clair, la méthode est un peu pénible: pour taper un texte entier, les Chinois doivent pianoter, scruter l'écran pour choisir l'idéogramme juste, puis poursuivre: «C'est contraignant», sourit Chen. Et surtout un peu poussif.