C'est la grande quinzaine promotionnelle. Ici et là, et partout, ou
presque, les offres se multiplient, dans tous les sens. Qu'importe, au fond, la nature des opérations, il semblerait bien que le Web version 1999 n'ait plus qu'une chose en tête: la gratuité. Ainsi donc, on se connecte gratos, on surfe gratis, on «e-maile» sans bourse délier, on «newsgroupe» sans frais. Ainsi donc, la «Net Economy», ce serait ça: l'échange total, le don comme règle d'or, le partage en valeur absolue. Le genre de choses qu'aucun utopiste d'hier ou d'aujourd'hui n'avait osé rêver, qu'il fût marxiste ou anarchiste. Au point que l'on se demande bien comment les riches parieurs d'aujourd'hui (les capitaux-risqueurs) retrouveront demain leur mise, mais, après tout, c'est leur problème. Ainsi donc, l'Internet serait bien révolutionnaire, culturellement et industriellement. Hélas! Mille fois hélas! La grande quinzaine promotionnelle démontre chaque jour qu'elle n'est qu'un leurre, que tout ça est bourré d'arrière-pensées mercantiles, et que si le consommateur n'a plus à raquer, en revanche, il lui faudra se farcir la pire des réclames pour pouvoir se mouvoir dans le dédale du Net (foultitude de bandeaux publicitaires sur le Web, sponsoring des e-mails, hotline à 8 francs la minute, etc.). Régression. Mais, déjà, les internautes se rebiffent. Surtout les plus anciens. Ceux qui ont connu le temps d'avant, sans dépliant publicitaire à tout bout d'URL. Pas de nostalgie: ceux-là se révoltent et passent