Un soir de plus, on se cale devant son écran. Comme une habitude,
une habitude qui nous évite soigneusement de nous poser la question du pourquoi on l'allume encore, cette increvable machine. Mais ainsi va la vie, le PC est en marche, on relève ses e-mails en espérant qu'un petit quelque chose arrive, histoire de justifier tout ce temps broyé devant la machine, quand, soudain, un lointain cousin, un Québécois (1), balance l'info du soir (le 5 novembre): ça barde pour Microsoft, Bill Gates le «monopolyste» est dans la mouise, son empire risque d'en prendre un sacré coup depuis qu'un juge vient de rendre son rapport-réquisitoire (2). Champagne! Voilà qu'on se met à farfouiller le Web, à la recherche dudit rapport, des premières réactions, des ultimes commentaires. Et, bingo, seul dans sa chambre, enfermé dans son monde solitaire de l'informatique, la clope au bec, le café chaud, le «windowsé» que nous sommes tous, ou presque, forcés et contraints, toujours, tombe sur un communiqué de la maison Gates (3). Un truc qui dit que ce n'est pas gentil tout ça, et même que c'est limite antipatriotique. Extrait: «Nous [Microsoft] avons été guidés par des valeurs simples qui sont aussi celles de l'Amérique: innovation, intégrité, services aux clients, partenariat, qualité et contribution à la société (3).» Rien que ça. Arrogance 2000 et petit(s) mensonge(s) entre amis. Alors, le café désormais tiède, on se dit que, décidément, le gentil milliardaire de Seattle nous prend toujours pour de