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Libération

Et l'homme créa l'automate.

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publié le 3 décembre 1999 à 2h10

Humanoïdes japonais ou anthropomorphes utilitaires européens ? En

robotique, deux conceptions radicalement différentes s'affrontent. Les Occidentaux partent d'un besoin précis et construisent l'environnement robotique qui y répond. Les Japonais, au contraire, se lancent dans la mise au point de l'humanoïde qui n'imite pas seulement la morphologie humaine mais aussi ses émotions. Le représentant le plus connu de cette robotique human friendly est Aibo, le chien de compagnie, dont Sony a sorti la première version en juin. Mitsubishi a fabriqué un poisson, Matsushita un chat parlant pour les personnes âgées, Honda et Waseda des prototypes d'humanoïdes.

D'où vient cette différence entre l'Europe et l'Asie ? «Les Japonais pensent qu'un robot au service de l'homme doit mimer les émotions humaines», explique Bernard Espiau. Ils estiment aussi que les humanoïdes seront mieux acceptés s'ils apparaissent d'abord sur le marché des jouets et des «animaux de compagnie».

Au-delà de cette logique industrielle, il y a aussi les explications culturelles. «Les Japonais, qui sont très fiers de leur technologie, pensent qu'elle peut résoudre tous les problèmes.» Mais le plus important, peut-être, c'est que deux générations d'ingénieurs ont grandi avec Tetsuwan Atomu (Atome puissant), un dessin animé de 1951, qui met en scène un robot très humain et très gentil.

A l'opposé, remarque le chercheur français, les Européens sont dans une morale judéo-chrétienne «pour laquelle la vie est un don de Die