Enfin. Il est enfin là. Si près, si proche, annoncé partout, encore
invisible, mais bientôt, il s'étalera au bout de nos azerty, de nos écrans, dit-on. Depuis le temps qu'on en cause, de ce drôle. Depuis le temps qu'on le redoute, qu'il vienne! Qu'il frappe! Ouais, machin, tu peux venir, on t'attend, de pied ferme. Comme un vieil ami qu'on n'aurait pas vu depuis des lustres, et qui aurait donné signe de vie tout récemment par une saloperie, un coup bas, un coup tordu, et finalement, un ami dont on ne saurait pas bien comment le recevoir. Avec les honneurs, eu égard au passé? Avec les arguments affûtés et les armes prêtes, en fonction des derniers événements? En tout cas, après la tempête, après la marée noire, tu seras bien reçu, mon vieux. Tout ça, Erika, les bourrasques, au nord, puis au sud, ce n'était qu'un avant-goût du Grand Accident, un starting-block pour nous tous, maintenant, on est prêt, je te dis, alors viens. Et puis, quoi, après tout? Sommes-nous si fragiles pour te redouter? Sommes-nous si inconscients pour avoir déposé toutes nos infrastructures, tous nos réseaux, notre vie même, entre tes simples mains et ton Grand Pouvoir? Si oui, alors la leçon est belle. On ne nous y reprendra plus. Voilà ce que c'est, l'homme face à l'informatique, le bipède face à la machine: nous t'avons conçu, et tu nous menaces. Nous t'avons pensé et tu nous surpasses. Ce serait donc ça, l'intelligence artificielle, la machine capable de penser et d'agir par elle-même, ce serait donc