Quelles que soient ses conséquences, le bug de l'an 2000 risque de
n'être qu'un hors-d'oeuvre. En effet, si l'on en croit Thibault Honnet, consultant en systèmes d'information, designer industriel et auteur d'une étude intitulé «La civilisation de la panne» (1), le bug est LA panne de la société de l'information, et il faut se résigner à vivre avec.
Qu'est-ce qu'un bug?
C'est une panne. La panne matérielle apparaît avec la révolution industrielle, la panne logicielle naît avec l'informatisation de la société. A l'âge préindustriel, les outils sont fabriqués et utilisés localement: le concepteur (le forgeron, le menuisier) vit bien souvent à proximité de l'utilisateur et peut intervenir en cas de problème. Il faudra attendre la fabrication en masse d'objets et leur utilisation par des néophytes pour que le concept de panne émerge. Ainsi, avec l'automobile, se pose le problème de la distance entre le concepteur et l'utilisateur. On assiste à l'apparition de la dépanneuse et d'un réseau de maintenance. Puis la mécanique est devenue de plus en plus fiable, on prévient de plus en plus les mauvaises utilisations, et les risques de pannes mécaniques sont relativement cernés. Aujourd'hui, on voit très peu de voitures sur le bord de l'autoroute, capot ouvert avec de la fumée. Même l'électronique, fragile à ses débuts, est devenue très fiable grâce au transistor. L'usure n'affecte pas les composants, et leur fragilité est cernée: on sait que l'humidité n'est pas très bonne pour eux, par