«Quand un mec appelle cinq fois pour gueuler contre un site, il faut
être solide pour lui résister», soupire Michel Meyer, 27 ans. Le patron de Multimania, l'un des plus importants hébergeurs français avec 350 000 sites, est un habitué des récriminations à l'encontre des pages qu'il accueille. En janvier, 23 personnes lui ont signalé des contenus gênants, par téléphone, courrier ou mail. Avec l'espoir d'en obtenir la fermeture, ou, si le site est anonyme, d'avoir le nom de l'auteur. Sa réaction? Si le site web est «nazi, pornographique, ou propose des logiciels piratés», c'est la poubelle.
Pour ce type de contenu, Multimania s'efforce même de prendre les devants: trois personnes fouinent en permanence parmi les milliers de sites hébergés. En janvier, 1 000 sites ont ainsi été supprimés d'autorité. Pour les autres litiges que Meyer appelle la «zone grise» (diffamation, droits d'auteur"), c'est la médiation qui prévaut. «En cas de diffamation, nous ne voulons pas prendre position, dit-il. Ce serait de la censure.» Un mail est envoyé à l'auteur pour signaler le problème. Objectif: obtenir un règlement à l'amiable. «Si la médiation ne marche pas, c'est à la justice de trancher», dit-il.
Malgré ces précautions, des problèmes continuent de se poser. En novembre, un salarié de Multimania, effrayé par le harcèlement téléphonique d'une personne mise en cause, a coupé un site web qui dénonçait les pratiques sociales d'une entreprise. «Une gaffe involontaire», assure Meyer. D'ailleurs,