Menu
Libération

L'anarchie est au bout du clavier. Freenet, réseau libertaire balbutiant, échappe à toute censure.

Article réservé aux abonnés
publié le 23 mai 2000 à 0h52

Si vous avez aimé l'Internet des débuts, celui d'avant les marchands

et les patrouilles de la police des moeurs, vous allez adorer Freenet. Ce réseau encore embryonnaire a été conçu pour rendre impossible toute forme de censure. Un document publié sur Freenet ne peut pas être détruit, ni son accès bloqué. Et cela vaut tant pour un manifeste politique qu'une vidéo pédophile ou un appel au meurtre" La grande différence entre le Web et ce nouveau réseau, c'est que sur le premier un site ou une «page» est accessible via une adresse, laquelle renvoie nécessairement vers un ordinateur identifiable. Alors qu'avec Freenet, les documents sont éparpillés sur toutes les machines connectées au réseau, de manière à ce que nul ne sache quelle information est stockée sur quel ordinateur (pas même son propriétaire). Autre différence de taille, le créateur d'un document Freenet ainsi que ceux qui le consultent peuvent rester entièrement anonymes: impossible de les «tracer».

En somme, voilà l'anarchie faite réalité: Freenet est un monde sans contrôle où la liberté d'expression est totale. Ian Clarke a atteint son but. Cet Irlandais de 23 ans a jeté les bases de ce réseau pour réagir aux tentatives de régulation du Net qui émergent çà et là dans le monde. Pour le jeune Clarke, aucune censure n'est tolérable: «Dès que vous donnez à quelqu'un le pouvoir de contrôler l'information, vous lui accordez aussi le pouvoir de manipuler l'opinion, et c'est incompatible avec la démocratie.» Alors, comment