L'affaire opposant Yahoo Inc. et la justice française se corse. Les positions exprimées hier dans Libération par Jerry Yang, cofondateur du géant américain du Web, ont suscité en France de vives réactions ainsi qu'un appel au boycottage du site. Pour sa part, Yahoo Inc. a décidé de faire appel de l'ensemble des décisions du tribunal français.
Le 22 mai, un juge des référés ordonnait à la société américaine de prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre impossible aux internautes français l'accès à un site d'enchères (hébergé par yahoo. com) qui exhibe et propose à la vente des objets nazis. Hier, Jerry Yang a donné pour la première fois la position de son entreprise. En substance: la décision française concernant le serveur américain ne peut pas être et ne sera donc pas appliquée. Les sites nationaux exploités par Yahoo (comme yahoo.fr en France) respectent les lois des pays qui les hébergent, plaide Yang, et yahoo. com, exploité aux Etats-Unis, ne relève que de la juridiction américaine.
Cette position, ainsi que divers propos de Jerry Yang sur sa vision de l'Internet, ont immédiatement provoqué un tollé. "Je suis scandalisé par l'arrogance de Jerry Yang. Il se moque d'une décision de justice rendue dans un pays souverain, s'exclame Marc Knobel, de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra, une des parties plaignantes). Va-t-on vivre une "Yahoo Life", un monde où tout serait accordé à Yahoo au mépris des sensibilités et des histoires des peuples?" Même senti