Menu
Libération
Interview

""Je ne veux pas ficher mes utilisateurs.""

Article réservé aux abonnés
publié le 13 juillet 2000 à 3h04

Ce serait la première victime de la nouvelle loi sur la communication. Le service d'hébergement Altern.org a définitivement fermé, et plus de 40 000 sites personnels se retrouvent à la rue. Créée en 1992, la structure avait pour principe d'offrir une fenêtre d'expression libre à tout un chacun, gratuitement et sans un embryon de bandeau publicitaire. Une démarche à contre-courant des pratiques en vigueur sur la plupart des services similaires, payants ou imposant des publicités en échange de l'hébergement.

Valentin Lacambre, fondateur et unique employé d'Altern, est devenu malgré lui un symbole. A la fois, figure de proue des militants pour un réseau libre et indépendant, et bête noire de ceux qui voudraient un peu plus d'ordre dans le foisonnement du Web, le jeune homme a largement alimenté la chronique judiciaire du Net en France. En février 1999, il est ainsi condamné à 405 000 francs d'amende pour l'hébergement d'un site qui diffusait des photos dénudées d'Estelle Hallyday. Il n'en est pas l'auteur, mais la justice, en quête de règles sur le réseau, l'assimile alors à un éditeur de presse et le considère donc comme responsable.

Une injustice à l'origine d'un amendement à la loi sur la communication déposé par le député PS, Patrick Bloche, en mai 1999. Ironie de l'affaire: après la refonte du texte et son adoption définitive le 28 juin (voir encadré), Valentin Lacambre jette l'éponge. Il explique ici pourquoi, selon lui, les nouvelles règles de responsabilité sont incompati