Que fabrique Bernard Arnault dans l'Internet? Une certitude: il y dépense beaucoup d'argent. En seize mois, son holding Europatweb a engouffré 480 millions d'euros (3,15 milliards de francs) dans une cinquantaine de sociétés. Auparavant, l'homme d'affaires avait déjà largement investi à travers ses holdings personnels. Cette année, Europatweb a ouvert des bureaux dans neuf pays, embauché une équipe de 70 personnes, lancé une vaste campagne de communication dans la presse. Pour faire quoi? Le discours a changé. Voici un an, Europatweb se définissait comme «le fonds d'investissement Internet du groupe Arnault, holding familial de Bernard Arnault» (1). Aujourd'hui, son directeur général, Chahram Becharat, le décrit comme un groupe industriel et précise: «Le but opérationnel du groupe, c'est la profitabilité. Il ne consiste pas à revendre les sociétés qu'on a créées.»
Ainsi, il ne s'agirait plus de faire des coups financiers, d'empocher plusieurs fois la mise, mais de construire un «e-conglomérat», pour reprendre l'expression employée par la banque d'affaires J P Morgan, dans un rapport sur l'entreprise publié en juin. Le mois dernier, plusieurs de ces banques évaluaient Europatweb à 20 milliards de francs. Un porte-parole du groupe s'extasie de cette valorisation au regard de la mise de départ de Bernard Arnault: 3,15 milliards de francs. Mais ces estimations, d'ailleurs contestées, n'empêchent pas certains analystes de douter. De fait, Europatweb a multiplié les ratés: stratégi