Londres de notre correspondant
Ses adversaires l'ont surnommé «Big Browser». L'oeil inquisiteur qui va espionner l'ensemble de l'Internet britannique n'est pas sorti d'un roman de George Orwell, mais des cartons du MI5, le service de sécurité intérieure. C'est une «boîte noire» que le gouvernement de Tony Blair veut pouvoir installer chez chacun des fournisseurs d'accès. Une caisse enregistreuse capable d'intercepter le moindre e-mail, la plus brève connexion, le site web le plus obscur.
Levée de boucliers. Le projet de loi, actuellement en discussion au palais de Westminster, fera de la Grande-Bretagne le pays le mieux surveillé électroniquement. Il provoque une levée de boucliers, aussi bien à la chambre des Lords que parmi les entreprises multimédias et les défenseurs des libertés publiques. Cela ne devrait cependant pas empêcher son adoption lors de sa seconde lecture par les députés la semaine prochaine. Les mesures qu'il prévoit vont bien au-delà des dispositions juridiques en vigueur dans les autres démocraties, Etats-Unis compris.
Outre sa boîte noire, le texte obligera n'importe quel internaute à permettre aux autorités de décrypter ses messages et à fournir ses codes d'accès, sous peine de prison. «Les gens oublient tout le temps leur mot de passe ou leurs clefs, mais si vous vous trouvez dans cette situation, vous risquerez de croupir deux ans derrière les barreaux», prévient, dans The Observer, Caspar Bowden, directeur de la Fondation de recherche sur les politiques