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Libération

Vieux hackers à cran

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Leur convention annuelle laisse percer un conflit de génération.
par Joel AUSTER
publié le 4 août 2000 à 3h12

Las Vegas, envoyé spécial

John Draper, 57 ans, est plus connu sous le nom de «Captain Crunch» dans le milieu des hackers. Un vieux de la vieille qu'on repérait facilement la semaine dernière, à Las Vegas, au milieu des jeunots venus participer au huitième Def con, la convention annuelle des petits génies de l'informatique et autres bidouilleurs de code (4 900 participants, contre 3 000 l'année dernière).

Captain Crunch a peu d'estime pour la nouvelle génération de hackers: «Il y a des actes plus constructifs que de défigurer des pages web: attaquer des sites pédophiles par exemple. Je trouve que les jeunes d'aujourd'hui manquent de repères politiques dans leur action.» Mais Captain, dont les premiers exploits datent de 1972, veut bien essayer de comprendre: «C'est vrai qu'à mon époque il y avait le Viêt-nam, la guerre froide, autant d'occasions de se rebeller. Mais j'apprécie les groupes comme le Cult of the Dead Cow (1), qui ont su conserver leur âme sans se prendre au sérieux. Tant que Bill Gates sera leur ennemi, ils auront toute ma considération...» En son temps, le vieux hacker pratiquait le seul sport à disposition des cracks de l'informatique: le «phreaking», qui consistait à pirater des centraux pour téléphoner gratuitement.

Avachis. En apparence, rien n'a changé au Def con: fils, cordons et câbles s'emmêlent sur les tables de l'hôtel Alexis Park de Las Vegas (2). Ils sont une centaine, agglutinés devant leurs PC portables dans une grande salle de réunion. D'autres sont