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Libération

«Il faut poser des limites»

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publié le 12 août 2000 à 3h23

Le Belge Robert Cailliau, 53 ans, est le cocréateur du Web (le fameux www) avec le Britannique Tim Berners-Lee. En 1990, alors qu'ils travaillaient au Cern de Genève, les deux hommes ont élaboré un système de liens hypertextes ­ qui permettent la navigation de page en page au moyen de simples «clics» ­ pour le réseau interne de l'organisme de recherche. Peu à peu étendus à l'ensemble de l'Internet, ces travaux ont permis le big bang du Web. Cailliau craint aujourd'hui un big crunch.

«Pire que des frontières.» Pour résoudre l'affaire Yahoo et d'autres cas similaires, certains suggèrent de doter les internautes de «passeports numériques». Selon leur nationalité, les surfeurs pourraient ou non accéder à certains contenus, selon que ces derniers respectent ou non les lois en vigueur dans leur propre pays. Cette perspective n'est pas du goût de Robert Cailliau. «Ce serait pire que de dresser des frontières: ce serait une interdiction de la libre circulation des idées. Des décisions en ce sens me décevraient, elles seraient le signe d'un manque de compréhension des enjeux.»

L'homme appelle plutôt de ses voeux «un sommet des grands pays industriels pour élaborer une convention commune sur la libre circulation des informations, ainsi qu'une législation commune sur ce qu'il faut réprimer (pédophilie, etc.).» En outre, «il faudrait instaurer une charte des droits à la "réponse visible": on pourrait par exemple exiger qu'un site néonazi présente obligatoirement un lien vers un site antir