Moscou de notre correspondante
Ces conseils «habillez-vous correctement, mais sans extravagance», «montrez ostensiblement votre téléphone portable», «ayez l'air sûr de vous, sans arrogance» ne s'adressent pas à des personnes se rendant à un entretien d'embauche, mais à de simples Moscovites, pour le cas où un agent de police leur exigerait leurs papiers! Depuis un an, nelegal.ru (illégal, en français), un des trente sites russes les plus visités, se fait le porte-parole des centaines de milliers d'habitants de la capitale qui y vivent de façon «illégale».
Depuis les années 30 et le régime de Staline, Moscou jouit d'un statut juridique spécial. Y sévit toujours, notamment, le régime de la propiska: l'enregistrement obligatoire auprès des autorités municipales de tout individu, Russe ou étranger, même touriste. Un tampon sur le passeport atteste que son détenteur est dûment enregistré. Mais la procédure, pourtant révisée, reste un casse-tête administratif, «en totale violation des lois fédérales», souligne Maxime Tchernigovsski, juriste pour l'entreprise de presse Kommersant.
Un habitant sur dix. Le maire de Moscou Iouri Loujkov ne fait rien pour arranger les choses. «Il prétend protéger ainsi les habitants de souche de la capitale des "éléments criminels" responsables de la "déstabilisation sociale et ethnique" de la ville», note Tchernigovsski. En tout cas, selon les estimations, plus d'un million de personnes sur les dix millions d'habitants de Moscou sont dans l'illégalit