Manuel et Antonio Pereira sont frères et souffrent du même handicap: une cécité totale. Sylvie Duchateau est elle aussi aveugle. Tous trois se connectent pourtant régulièrement sur les sites web des grands quotidiens et lisent. Seuls. Sans personne pour les assister. «Je me régale avec les journaux», dit Manuel. «L'Internet a changé ma vie», sourit Sylvie. Ils furètent sur le réseau, lisent et envoyent des e-mails, comme tout le monde.
A ceux qui ne comprennent pas un tel enthousiasme et s'interrogent sur ce qu'apporte réellement la technologie, les aveugles répondent «beaucoup»: le plaisir, la connaissance, et surtout, l'autonomie. «Elle gomme le handicap», résume Sylvie, qui est aujourd'hui responsable de la communication de Braille Net, une association hébergée dans les locaux de l'université de Jussieu, à Paris. Un travail salarié. «Sylvie est une relectrice ultra-sourcilleuse, elle ne laisse rien passer», confie son entourage professionnel.
Coût prohibitif. Car Sylvie peut «voir» ce qui défile à l'écran. Ses doigts glissent sur un terminal spécifique posé à côté du clavier, un boîtier hérissé de picots amovibles formant les lettres en braille. Son PC est équipé d'un logiciel qui traduit le langage informatique des sites web (html, xml) et le transmet à cette plage braille. D'autres, comme Julien, aveugle depuis peu, maîtrisent encore mal le braille et choisissent de s'aider d'un logiciel de synthèse vocale, qui leur énonce à haute «voix» le contenu des pages. Le coût d'un