Menu
Libération
Interview

«L'e-mail est un contre-poison de la vie ultracommunicante»

Article réservé aux abonnés
publié le 28 octobre 2000 à 5h58

Paul Soriano (1) est président de l'Institut de recherches et prospectives postales et administrateur de la branche française de l'Internet Society (Isoc), une association internationale chargée de la promotion du réseau.

Pensez-vous que la généralisation de la messagerie électronique réveille un intérêt du public pour l'écrit?

Regardez les vitrines des librairies: le genre épistolaire connaît un vrai renouveau, alors qu'il y a peu on le disait mort, dépassé, justement parce que les gens ne s'écrivaient plus. Aujourd'hui, on publie toutes sortes de correspondances. Je pense que l'e-mail y est pour quelque chose. Il n'existe malheureusement pas de chiffres pour quantifier ce sentiment. Mais l'e-mail a permis aux gens de s'écrire à nouveau, de réveiller une curiosité, un appétit pour l'écrit. D'ailleurs, l'exploitation littéraire de la correspondance électronique pourrait bien ouvrir d'importantes perspectives aux éditeurs. Avec tout ce qu'elle crée comme formes nouvelles d'écriture. Ce qui me frappe également, c'est la polyvalence de l'e-mail. Il permet de tout dire, et si ce n'est pas dans le corps de l'e-mail, c'est en pièce jointe, comme on glisse des choses dans une enveloppe. L'e-mail est à la fois un courrier et un moyen de transport. Mais sa parenté avec la lettre est évidente. Comme elle, il est le siège de l'intime, de la réflexion et de l'engagement. Comme d'autres formes écrites qui ont existé avant lui.

L'e-mail a donc déjà existé avant la forme qu'on lui connaît auj