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Libération

L'Italie piège ses pédophiles

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Enquête contre un procureur qui avait créé un site pour les démasquer.
publié le 6 novembre 2000 à 6h10

Rome de notre correspondant

Sites piégés, accès à certains webs censurés, agents doubles sur la Toile: l'Italie part en guerre contre les présumés pédophiles on line. La semaine dernière, le procureur de Torre Annunziata, près de Naples, Alfredo Ormanni, a ainsi demandé le renvoi devant les tribunaux de 831 internautes italiens et lancé des dizaines de commissions rogatoires à l'encontre de 660 étrangers, notamment en France, en Suisse et jusqu'en Malaisie. Le magistrat les soupçonne de «détention et cession de matériel pédo-pornographique». Pour démasquer les pédophiles, le magistrat Ormanni n'a pas hésité à mettre sur pied un faux site destiné à servir d'appât. A l'aide de Microsoft, des agents de la brigade financière italienne et les enquêteurs du parquet de Torre Annunziata ont ainsi mis en ligne un site au titre explicite: Amantideibambini (mot à mot: amoureux des enfants).

Pendant un mois, ils ont ensuite enregistré les identités de tous les internautes ayant visité le site en dépit des avertissements du type «Ne va pas plus loin, tu seras puni» apparaissant à l'écran. Les plus téméraires se retrouvent mis en examen. Les uns sont accusés d'avoir téléchargé des images pédophiles, les autres d'avoir fourni des clichés et des photos. Depuis plusieurs mois, des équipes de carabiniers antipédophiles naviguent régulièrement sur l'Internet, ce qui a permis l'arrestation en mars du responsable d'un mouvement catholique.

Internautes relâchés. Il y a deux ans, un enquêteur italien