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Libération

Les états d'âme du père du Net

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Vincent Cerf doute du bien-fondé d'un filtrage technique
publié le 7 novembre 2000 à 6h16

La salle n'a d'yeux que pour lui. La présence de Vinton Cerf, père fondateur de l'Internet (1), beau visage souligné d'une barbe blanche, confirme le caractère exceptionnel de cette audience-là: il s'agissait en effet, hier à Paris, de l'ultime étape avant la décision finale que le juge des référés, Jean-Jacques Gomez, prononcera le 20 novembre dans l'affaire qui oppose les associations antiracistes (Licra, UEJF, Mrap) au portail Yahoo. Voilà bientôt six mois que le juge a condamné les faits ­ l'exposition et la vente d'objets nazis sur le site américain Yahoo Auctions accessible depuis la France ­ à travers une ordonnance du 22 mai. Restait à savoir si des moyens techniques pouvaient être mis en oeuvre afin d'empêcher les internautes français de se rendre sur le site incriminé, ce que Yahoo contestait.

Mission accomplie. La parole est aux experts, à qui le président Gomez avait demandé conseil, comme l'article 232 du nouveau code de procédure civile l'y invite dans le but «d'éclairer le juge sur une question technique». Sur les trois spécialistes sollicités, seuls deux sont présents ­ le Britannique Ben Laurie n'a pu décoller de Londres à cause du vent. Mais Vinton Cerf est là. Comme il ne parle pas français, c'est son compère d'expertise, Francis Wallon, consultant en informatique, qui prend le relais du juge Gomez. Et il n'est pas peu fier d'annoncer que la mission est remplie, et les solutions techniques au rendez-vous.

Les trois hommes ont travaillé par téléconférences et