En exigeant de Yahoo Etats-Unis que la société filtre les internautes français, le juge Jean-Jacques Gomez a provoqué un barouf mondial: la presse et les internautes du monde entier suivent désormais ce petit juge du Net monté à l'assaut du symbole de la nouvelle économie, le qualifiant tour à tour de censeur ou d'homme courageux. Lui dit ne s'être pas rendu compte, sur le moment. «J'ai été surpris», sourit-il, dans son bureau du Palais de justice de Paris. Peu importe: en posant une question de bon sens comment faire respecter les lois nationales sur un réseau international? , Jean-Jacques Gomez s'est propulsé en première ligne.
Vide juridique. A 55 ans, ce premier vice-président du tribunal de grande instance de Paris est loin de débarquer. Depuis quatre ans, on retrouve son nom sur la plupart des ordonnances de référé ayant compté dans l'application du droit aux réseaux. Sa première affaire high-tech remonte à 1996, pour un problème de droits d'auteurs. Des étudiants avaient mis en ligne sans autorisation des paroles de chansons de Brel et Sardou. «Une audience de plus de sept heures, ce qui est extraordinaire pour un référé.» A l'époque, l'Internet ne s'est pas encore vraiment confronté au droit. Certains évoquent un «vide juridique», d'autres parlent de «bordel juridique», en pointant la multiplicité des lois applicables. L'heure est encore aux plaidoiries délirantes: le Net serait un espace de «liberté absolue», le site des étudiants un «domicile virtuel», aussi priv