Décidément, le courant passe de plus en plus mal entre le San Francisco populaire et les dot-com, ces envahissantes start-up de l'Internet qui grignotent la ville et la transforment radicalement (Libération du 2 novembre). Le conflit, social et culturel, était déjà ouvert sur un premier front: un référendum d'initiative populaire connu sous le nom de «proposition L» visant à limiter l'extension des entreprises Internet dans certains quartiers. Le scrutin a eu lieu en même temps que la présidentielle américaine et, comme pour cette dernière, le résultat est encore indécis (lire ci-contre).
Le second front est tout neuf: la semaine dernière, un groupe d'artistes s'en est pris à Bill Gates lui-même, en attaquant en justice la société Corbis, géant de la photographie sur le Net. Corbis, qui est la propriété personnelle de Gates (et non de Microsoft), est accusé par ces artistes notamment Susan Cervantes et Juana Alicia de violer leurs droits d'auteur.
Profits indus. L'entreprise vend des clichés représentant de grandes fresques murales, célèbres au point de faire partie aujourd'hui des landmarks de San Francisco au même titre que ses petites maisons victoriennes colorées. Or ces oeuvres sont sous copyright, et Corbis en tire donc des profits indus, estiment les plaignants. Au San Francisco Chronicle, leur avocat a expliqué: «Ces oeuvres sont là pour le plaisir de tous, tout le monde peut les photographier. Mais les artistes gardent le droit de contrôler ces images et l'uti