On va rigoler sec dans les maisons d'édition. En juillet, Stephen King avait faussé compagnie à son éditeur en se lançant en solo dans la publication en ligne d'un roman: The Plant. «Mes amis, écrivait-il alors sur son site, à l'attention de ses e-lecteurs, nous avons l'occasion de devenir le pire cauchemar des Big Publishers.» Encouragé par le succès de Riding The Bullet, feuilletonné sur le Web au printemps, King allait montrer qu'un Grand Auteur pouvait se passer de ces suceurs de sang.
L'illusion a pris fin brutalement. Depuis quelques jours, King annonce sur son site que la publication de The Plant va être suspendue après son prochain épisode (le sixième). Raison invoquée: du travail sur d'autres livres, plus urgent apparemment. «Mais ne désespérez pas, lance King à ses lecteurs frustrés. La dernière fois que j'avais laissé "The Plant" en plan, l'histoire était restée en sommeil pendant dix-neuf ans. Si elle a pu survivre à cela, je suis sûr qu'elle pourra survivre un an ou deux de plus, pendant que je travaille à d'autres projets.»
50 francs pour peu. C'est ce qui s'appelle se foutre du monde. Du moins, c'est ainsi que le ressentent les lecteurs, au vu des réactions recueillies par la presse américaine. Le principe de la publication était celle d'une confiance réciproque. Quiconque téléchargeait un chapitre prenait l'engagement moral de verser un dollar (pour chacun des trois premiers épisodes) ou deux dollars (pour chacun des cinq suivants). Au terme des cinq premières