Dissimuler son identité derrière un pseudonyme est une pratique largement répandue sur le réseau. Une manière de porter une casquette distincte selon que l'on s'exprime sur un forum de discussions de fanas de pêche à la mouche ou sur un autre à finalité professionnelle. Dans la vie réelle, on peut être un homme le jour et une femme la nuit, un chef sévère au bureau et un bricolo dans le privé, en même temps qu'un cas de diabète intéressant pour son médecin, un militant, un membre de club sportif, etc. Les lignes de codes informatiques reflètent elles aussi la complexité d'une personnalité. C'est pourquoi elles doivent rester parallèles. Le croisement des données donnerait à voir une personnalité totalement transparente: un être de verre.
Les tribunaux sont de plus en plus sollicités pour trancher les limites de la liberté d'expression sur le Net. Des juristes revendiquent le droit à l'anonymat, parce que «la liberté d'expression ne peut pas être conditionnée à une morale d'état civil», estime par exemple l'avocat français Cyril Rojinsky. Aux Etats-Unis, la plus haute juridiction de l'Etat du New Jersey a confirmé, la semaine dernière, le droit à l'anonymat de deux internautes qui avaient tenu des propos jugés diffamatoires par une entreprise de logiciels. D'autres défendent l'usage d'identités multiples sur l'Internet. C'est le cas d'Alain Bensoussan (1), coauteur d'un «livre blanc des droits de l'homme numérique» porté devant le Parlement par André Santini, député-maire RPR