On a d'abord cru à une plaisanterie. En juillet, le géant britannique des télécoms, BT, faisait savoir qu'il se considérait comme le père de l'hypertexte ce procédé qui permet de passer d'une page web à une autre d'un simple clic, c'est-à-dire l'essence même de la Toile , et qu'en conséquence l'industrie de l'Internet allait devoir passer à la caisse. La sienne. Pour appuyer sa prétention, l'opérateur exhibait un brevet de 1976, déposé à l'époque du Prestel, le système télématique britannique. BT envoyait durant l'été des lettres à plusieurs fournisseurs d'accès américains pour les prévenir, «sur une base amicale», qu'il attendait des royalties pour son «invention». Tout le monde rigola.
Droit de la propriété. Depuis quelques jours, on rigole moins. Mi-décembre, BT a ouvert les hostilités en assignant en justice deux premiers providers: Prodigy et AOL. Sachant qu'il existe quelque 2 milliards de pages web, recensant chacune une moyenne de 50 liens hypertexte, l'opérateur anglais se voit sans doute assis sur une montagne d'or, et il s'est décidé à creuser le filon. Le cabinet new-yorkais Kenyon & Kenyon a été mandaté par BT pour mener les poursuites. Comme il était difficile d'assigner tous les concepteurs de sites web, le britannique a choisi de s'en tenir aux fournisseurs d'accès. Uniquement aux Etats-Unis, car c'est le seul pays où le brevet en question est encore valide (les droits courent jusqu'en 2006). L'affaire est sérieuse, mais incertaine.
D'un côté, il faudra teni