Avec la création par Vivendi de son «portail éducatif de référence», l'Etat a perdu une bataille, mais pas la guerre, selon Denis Paget, professeur de français à Blois (Loir-et-Cher) et cosecrétaire général du Snes-FSU, syndicat majoritaire dans les collèges et les lycées.
Un «portail éducatif de référence» créé par une entreprise. L'école devient une marchandise?
La question n'est pas liée à la création d'un site Internet. Ce qui est en jeu, c'est le rapport public privé en général. Si l'Etat n'occupe pas les créneaux qui s'ouvrent, les opérateurs privés le feront, dans une logique nécessairement marchande.
Certains enseignants pensent que l'Internet accélère cette marchandisation.
Je n'en suis pas, et je crois qu'ils sont aujourd'hui minoritaires. Le développement de l'Internet dans l'éducation est inéluctable. Mais j'aimerais que l'Education nationale sache en profiter et utilise son potentiel. Prenez l'exemple des Travaux personnels encadrés en classe de première. On demande aux élèves de croiser deux disciplines et d'effectuer leurs recherches eux-mêmes. Je le vois bien: sur l'Internet, ils se noient. Alors qu'avec des CD-Rom bien conçus, ils pourraient toujours chercher, mais sans se perdre.
Donc les technologies de l'information ne font peser aucun risque?
Si. On peut craindre la multiplication de sites Internet pseudo-éducatifs qui ne respectent pas les règles déontologiques de base de l'enseignant.
Par exemple?
La liberté de pensée ou d'opinion. On peut faire du bourrage de