Menu
Libération

Saint-Pétersbourg, cité pirate

Article réservé aux abonnés
Dans le sillage de Vladimir Levin, les «tribus» de hackers prospèrent.
publié le 27 février 2001 à 23h12

Saint-Pétersbourg, envoyée spéciale.

A Saint-Pétersbourg, la communauté des programmeurs jouit d'une réputation sulfureuse. La ville est souvent associée à la délinquance informatique depuis l'arrestation, en 1995, de Vladimir Levin, qui avait pénétré dans le réseau de la Citibank et volé 12 millions de dollars.

Slava appartient à cette tribu héritière du «coup» de Levin. Depuis un accident de snow-board qui, en 1997, l'a paralysé des deux jambes, ce jeune homme de 24 ans ne quitte plus sa chambre couverte de posters de planche à voile ou de Céline Dion. A côté du lit trône un ordinateur dont de nombreux composants sont apparents, Slava les ayant maintes fois démontés et remontés pour améliorer l'efficacité de l'outil. Chaque jour (et nuit), il passe quinze heures devant l'écran qui lui sert à la fois d'ordinateur, de console de jeu, de télévision et de chaîne hi-fi. «Je choisis tous mes films sur le Net», dit-il. En version pirate, évidemment. Pour transférer de la Toile à son ordinateur n'importe quel logiciel d'une valeur de 600 euros, il suit les consignes d'Ivanopoulo, une figure mythique de la scène informatique alternative de Saint-Pétersbourg. «Après mon accident, j'ai voulu m'intéresser à quelque chose de différent. Un copain m'a donné son ordinateur. J'ai commencé à l'analyser techniquement. Puis on m'a offert l'accès à l'Internet.»

Dr Linux. Slava s'est alors métamorphosé en «Dr Linux» (du nom de son système d'exploitation préféré), qui, de son appartement de banlieu