Le vidéaste néerlandais Fred Pelon a passé plus d'un an devant le forum Ash (alt.suicide.holiday), caméra en main. Le film qui en a résulté The Dutch Act, actuellement diffusé dans divers festivals retrace le parcours d'un de ces candidats au suicide. «C'est comme si je m'étais observé moi-même», confie Fred Pelon. Car The Dutch Act est un film largement autobiographique, qui a permis à son auteur de «cautériser pas mal de souffrances». Fred Pelon, 39 ans, avait fréquenté le forum de discussion au début des années 90. En pleine dépression, il voulait en finir. Il s'en est finalement sorti et a décidé, en 1998, de revenir observer ce groupe de discussion.
«C'est fascinant de voir comment les gens réagissent, ce qu'ils partagent, pourquoi ils interviennent.» Des liens se créent entre «contributeurs». «A force de discuter, les rapports ne sont plus vraiment anonymes. Bien sûr, on ne sait jamais qui est réellement la personne avec qui on sympathise. Mais une forme d'intimité se développe. Puis un jour, plus rien. C'est horrible.»
Durant ce «retour», il découvre de nouveaux aspects du forum. «Certains ashers jouent avec les autres. Ils annoncent qu'ils vont mourir, et ne postent effectivement plus aucun message. Puis on découvre qu'ils sont toujours vivants : ils ont juste changé de pseudo pour ne pas être reconnus.» Le forum est aussi infiltré par les services de police, des associations familiales ou de drôles de pasteurs. «On voit parfois revenir sur le forum, après des mois