Le chantier de l'élargissement du Net est déclaré ouvert. Cette semaine à Ottawa, en juillet en Corée et, ces derniers mois, déjà un peu partout sur la planète, les réunions entre industriels des télécoms se multiplient pour préparer ce qui, de loin, ressemble à un simple «changement de numérotation» du réseau. L'Internet actuel est configuré pour relier jusqu'à quatre milliards de machines. Le chantier qui débute lui donnera une capacité quasi infinie (lire ci-contre). A y regarder de plus près, l'affaire charrie aussi, souterrainement, des enjeux politiques non négligeables.
Inégalités. Mais d'abord cette question: pourquoi vouloir gonfler le Net alors qu'avec «seulement» 350 millions de personnes connectées aujourd'hui, les limites semblent loin d'être atteintes? «L'arrivée prochaine des mobiles de troisième génération (3G) des centaines de millions de terminaux qui auront chacun leur propre adresse sur le réseau rend nécessaire cet élargissement, indique Martine Lapierre, directrice technique de l'activité réseaux d'Alcatel. En outre, le stock actuel d'adresses est très inégalement réparti. Les Etats-Unis en possèdent l'essentiel (74 %, ndlr). L'Europe a pris ce qu'il restait. L'Asie-Pacifique, sans parler de l'Afrique ou du Moyen-Orient, n'ont que des miettes. Or la révolution du 3G va commencer par l'Asie. La pénurie nous guette dès 2004.»
Voilà plus de dix ans que les instances techniques du réseau, comme l'IETF (Internet Engineering Taskforce), essaient de prévenir