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Libération

L'industrie musicale fait taire un chercheur américain.

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L'informaticien a déjoué un verrouillage «inviolable».
publié le 22 mai 2001 à 0h57

Les chercheurs en informatique seraient-ils devenus les ennemis des majors du disque? Vendredi dernier, devant un amphithéâtre bondé de l'université de Stanford (Californie), un des grands experts américains de la cryptographie a dénoncé la censure: «L'industrie musicale tente d'obtenir le contrôle sur le contenu de nos recherches, c'est un dangereux précédent.» Cet expert s'appelle Edward Felten. Professeur d'informatique à la prestigieuse université de Princeton (New Jersey), expert cité par le gouvernement américain dans sa procédure antitrust contre Microsoft, l'homme est surtout connu aujourd'hui pour ses démêlés avec le consortium industriel Secure Digital Music Initiative (SDMI).

Ce consortium rassemble une centaine de producteurs de contenu et d'industriels (Vivendi Universal, Microsoft, Sony, Apple, RealNetworks, AOL, ATT...) autour de technologies de protection «inviolables» des oeuvres numériques. Or Felten a bel et bien réussi à les casser, les rendant inopérantes. Jusque-là, rien de répréhensible. Le 15 septembre 2000, le consortium avait mis lui-même les hackers au défi en promettant 10 000 dollars (11 432 euros) à celui qui réussirait à déjouer ses systèmes de verrouillage de fichiers musicaux. Des milliers de bidouilleurs de code s'étaient lancés dans la course, bientôt rejoints ­ chose plus inattendue ­ par des universitaires de Princeton, de la Rice University et des experts du Palo Alto Research Center (Parc) de Xerox.

Intimidation. Le SDMI avait cependant