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Libération

La diaspora dans le miroir du réseau

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Anthropologie du comportement des communautés étrangères à Paris.
par David GROISON
publié le 24 mai 2001 à 0h58

Ils ont quitté les bancs de la Sorbonne pour traîner sur l'avenue d'Ivry et le boulevard Barbès. A la recherche des communautés africaines, maghrébines et asiatiques de Paris. Les étudiants du magistère de sciences sociales dirigé par l'anthropologue Dominique Desjeux ont choisi cette année de disséquer le comportement des diasporas face à l'Internet.

«Nous avons constaté, à travers une enquête de terrain et des entretiens, que l'attachement à une origine se reflète dans l'utilisation de l'Internet», rapportent les étudiants. Pour chaque communauté, ils ont dressé un inventaire des cyberpratiques. Et mis en exergue les plus spécifiques. Celle de ces femmes tunisiennes qui disent «utiliser un Internet propre». «Un Internet sans mail, sans forum et sans "chat"», précise Sophie Courbet, une jeune anthropologue. Car, pour la diaspora tunisienne, communiquer avec les autres par voie électronique c'est «risquer» de rencontrer un homme. Les pères et les frères surveillent de près l'usage que les jeunes femmes tunisiennes font du Net. «Ils ont peur qu'elles trouvent un mari en dehors de la communauté», observe-t-elle. Les codes culturels de la «vraie vie» gouvernent aussi le monde virtuel.

Spécificités. Les étudiants en ont ainsi esquissé les grandes lignes. L'usage du réseau révèle les spécificités... Au sujet de la politique et de la communauté maghrébine, par exemple, ils ont recueilli des témoignages concordants. Celui de Hiyam, qui confie: «On n'oserait pas critiquer le système m