Attablé à la terrasse d'un café parisien, bras croisés, Anthony ne veut rien manger ni boire. «Ça ne passe pas», dit-il. Nous sommes à quelques jours de l'épreuve de philo (qui a lieu aujourd'hui, ndlr). Elève en terminale ES (sciences-éco), Anthony, 18 ans, n'a pas particulièrement séché cette année. Mais il ressent malgré tout l'angoisse diffuse de celui qui a «glandé», pas assez travaillé. «Si j'y vais comme ça, cash, ça peut marcher, non?»
Les jeans trop larges et le nez barré par un gros pansement, Anthony est un peu la coqueluche de son lycée, situé dans le IVe arrondissement de Paris. En dépit de sa grande désinvolture, il est fier d'annoncer sa participation, cette année, à la création d'une page web pour le «conseil de la vie lycéenne», sur l'intranet flambant neuf de l'établissement. Mais, pendant les révisions, cet aficionado du Net s'en sert essentiellement pour décompresser.
Anthony discute sur des forums, une heure par jour en moyenne: «Hier soir, j'ai enchaîné avec quatre Canadiennes, je fais des progrès en anglais.» Autre usage apprécié, la bouée de sauvetage: l'Internet permet de récupérer, dans l'urgence, des cours manquants, «on les scanne, et puis on se les envoie par e-mail».
Chassés-croisés. Depuis quelques semaines, des chassés-croisés de fiches de révisions encombrent les réseaux. «De mon temps, on se retrouvait à plusieurs autour d'une table et on bûchait ensemble, raconte Pascale, mère de trois adolescents. Les gamins d'aujourd'hui restent en tête à tê