«L'anorexie est un art de vivre, pas une maladie.» Des photos de côtes saillantes, décharnées, teintées de couleur flashy. C'est la page d'accueil d'Anorexic Nation, l'un des 400 sites web (surtout américains) qui font l'apologie de ce trouble du comportement alimentaire (TCA). The perfect body, Fading into obscurity («Se fondre dans l'obscurité») ou Dying to be thin («Mourir d'envie d'être mince»)... Ces sites rivalisent d'originalité, parfois enthousiastes, parfois morbides: «J'aime sentir mes os saillir. J'aime me sentir vide. J'aime me dire que j'ai tenu toute une journée sans manger. J'aime perdre du poids.» Echanges de photographies mais aussi conseils pour maigrir et maigrir encore. «Quand vous mangez avec vos parents, faites semblant de tousser et mettez la nourriture dans votre poing; dès qu'ils ont le dos tourné, jetez tout dans la poubelle ou le pot à fleurs», «buvez un verre d'eau tous les quarts d'heure pour tromper votre faim»... Le tout illustré par des images de stars hollywoodiennes filiformes. Parfois trafiquées pour les amaigrir davantage.
Fermetures. En France, 5 % à 13 % des adolescents souffrent d'anorexie. Un chiffre qui augmente chaque année. Neuf sur dix sont des filles. Des associations sont montées au créneau pour dénoncer ces sites pro-anorexiques, «pro-ana» pour les initiés. Le 26 juin, l'Anad (association américaine contre l'anorexie et la boulimie) a demandé à Yahoo de retirer 115 sites «pro-ana» de ses serveurs. Quatre jours plus tard, le porta