Vallorbe (Suisse)
envoyée spéciale
Dans ce «voyage sans boussole qu'est l'amnésie», l'Internet lui aurait tout simplement «sauvé la vie»: «Pour un amnésique, c'est fabuleux tous les tiroirs du monde en hypertexte, ce réseau parfaitement adapté aux cerveaux à re-remplir.» Pascal Triomphe annonce «40 ans à en croire [s] es papiers, 4 ans en fait», puisque c'est en 1997 qu'il a laissé sa mémoire dans un violent tabassage en banlieue parisienne. Depuis, il passe des heures sur le Web à chercher des infos. «J'ai tapé "architecture" dans le moteur de recherche Copernic, je voulais réfléchir à ma maison. Quel ques hypertextes plus loin, j'étais à Versailles, donc à Louis XIV, donc les rois de France, donc la Révolution française, etc.» Sans le réseau, «il aurait fallu se taper des bouquins in extenso, chiants, longs». «Sans le Net, je serais vraiment dans la merde.» Tandis que là: «Je vais droit à l'essentiel.» Voilà une application de l'Internet à laquelle on n'aurait pas pensé.
Faire les poubelles. Ces quatre ans de survie, de réapprentissage, de solitude et de gens qu'on ne reconnaît pas, Pascal Triomphe les évoque sur un site (1) qu'il a ouvert pour donner «des points de repère aux amnésiques et à leur famille, parce que les premiers temps de la reconstruction, c'est l'horreur». Il a également écrit un livre, De mémoire d'amnésique, dont le premier chapitre est en ligne sur son site, «la suite en vente pour 40 francs»: «Il faut bien que je vive», sourit-il de ses yeux bleus, lui q