Menu
Libération

La majuscule sied-elle au réseau?

Article réservé aux abonnés
Les dictionnaires 2002 autorisent deux graphies pour l'I(i)nternet.
publié le 3 septembre 2001 à 0h42

Le débat est capital: faut-il écrire l'Internet avec une majuscule, ou l'internet, en minuscule? Les arbitres officiels, les dictionnaires, se gardent bien de prendre parti: les nouvelles éditions du Petit Larousse et du Petit Robert, qui sortent ces jours-ci, proposent les deux graphies. «Nous sommes un dictionnaire d'usage, souligne Alain Rey, cofondateur du Robert. Et les deux sont utilisées de façon quasiment identique.» Les deux dicos s'entendent sur un point: c'est un nom commun un peu spécial qui mérite un article mais tolère une majuscule. Kif-kif pour l'usage, donc, mais pas sur le sens. Car, derrière le choix orthographique, se masque un catch idéologique d'ampleur. Revue des tendances pour donner un sens politique à un choix orthographique.

i pour les impies

Le sociologue Philippe Breton, auteur d'un livre dénonçant le culte de l'Internet (1), s'en prend ainsi à toute «tournure qui place le terme en majesté» et lui donne un caractère «sacré». A ce titre, le chef de file de la mouvance impie fustige la majuscule, accusée de transformer l'Internet en nouvelle Eglise à vénérer, nimbée d'une idéologie mêlant Teilhard de Chardin, le New Age, le scientisme benêt et l'utopie de la communication: «C'est un outil, comme une bêche. On ne met pas de majuscule à une bêche.» Ni à l'électricité ou au téléphone. Même inspiration chez les pros de la normalisation lexicale. Philippe Renard, inventeur du néologisme à succès «logiciel» en 1970 (pour remplacer l'anglais software) et pr