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Libération

«Les Français sont plus introspectifs»

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par David GROISON
publié le 17 octobre 2001 à 1h17

Un cinquième des teenagers américains possède ses pages persos sur le Web, selon le Pew Internet Research Center. Plus que des sites, ce sont de vrais journaux intimes (1). En France, le phénomène a pris assez d'ampleur pour que Kenya Zanatta, étudiante en sociologie à Paris-V, lui consacre un mémoire de DEA («L'intimité sur le réseau»).

Freud et Lacan. «Par rapport aux Américains, les Français sont beaucoup plus introspectifs», constate-t-elle. A l'intérieur de leur journal, les «diaristes» tentent de justifier leur pratique. Ils élaborent des théories plus ou moins sociologiques, en appellent à Freud et à Lacan. «Les Américains ont un rapport plus simple et naturel avec l'écriture.» Ils se montrent souvent ironiques, préférant se moquer d'eux-mêmes.

Ce qui motiverait les auteurs, des deux côtés de l'Atlantique, ce n'est pas tant de se raconter que de partager. «Sans lecteurs, ils arrêtent vite leur travail.»

Communauté. Les deux tiers des «diaristes» sont des femmes, âgées de 16 à 35 ans, qui ont souvent une activité liée à l'informatique. «Le profil des lecteurs est exactement le même. D'ailleurs, les diaristes se lisent souvent entre eux», remarque Kenya Zanatta. Les «diaristes» étant beaucoup moins nombreux en France, le sentiment communautaire y est peut-être plus fort. «Trop fort même, parfois», s'amuse l'étudiante, avant de raconter l'histoire de ce Français qui ne supportait plus la ferveur d'une de ses lectrices. Du coup, il a arrêté son journal, changé de pseudo et o