Menu
Libération

Un mateur sachant mater

Article réservé aux abonnés
Nicolas Thély a fini une thèse sur les webcams.
publié le 16 février 2002 à 22h19

«Amoureux» est peut-être un peu fort, il préfère parler de «relation platonique réactivable par un simple clic» avec Corrie, sa webcameuse favorite (1). C'est que, voyez, le jeune docteur en sciences et sciences de l'art, Nicolas Thély, n'est pas un simple mateur de filles à poil sur l'Internet. Grâce à sa thèse, soutenue en janvier à la Sorbonne, les webcams personnelles, de phénomène à résonance un rien glauque, pour cause d'exhibitionnisme, de voyeurisme, d'exposition de soi malsaine, voire de caméras de surveillance, sont devenues un objet d'études. Où on s'interroge sur l'engouement pour les webcams, à la fois du côté qui regarde, et du côté qui donne à voir, alors qu'elles diffusent de l'ennui, du vide, du rien. Avec une précision d'entomologiste, le thésard (mentions maximales à Paris-I) a observé pendant deux ans bon nombre de webcams, et partant a observé l'observateur, lui-même, en train d'observer. «J'ai l'impression d'avoir défriché un territoire, en traitant les questions les plus importantes, comme celle du régime inédit de cette image, le statut du regardeur et de celui qui se donne à voir, cette esthétique de l'ennui où l'un s'occupe à capter inlassablement sa propre image dans son quotidien, l'autre s'affaire à déceler un sens à tous ces petits riens qui se trament devant lui.»

«Présence absence». Nicolas Thély a donc observé en particulier la fameuse Corrie, plus genre artiste vidéaste, un peu à la Sophie Calle que dans le trip nichons en live sur ton écran