Séisme dans l'Internet. Une seule victime, mais elle est de taille: l'Icann, alias le «grand aiguilleur» du réseau, qui gère depuis trois ans le système d'adressage du Net. Le week-end dernier, son président Stuart Lynn a réuni à huis clos les administrateurs de l'Icann pour établir un constat d'échec et proposer une réforme radicale de l'organisme, en forme de refondation. «Il apparaît clairement que le modèle [du tout privé] ne fonctionne pas, a estimé Stuart Lynn, parce qu'il nous coupe des institutions du monde réel (les gouvernements) dont le soutien est essentiel pour l'accomplissement de nos tâches.»
Peu opérationnel. C'est un échec politique. En octobre 1998, l'Icann (Internet corporation for assigned names and numbers) avait été créée avec un statut d'«organisation privée à but non lucratif», équivalent de nos associations. Le Net était jusqu'alors géré de manière relativement informelle par un groupe d'universitaires, sous la houlette éclairée du pionnier américain Jon Postel. Mais la dimension de plus en plus internationale et surtout commerciale du réseau a poussé à faire évoluer les choses. Comme le gouvernement américain (qui garde la haute main sur les aiguillages clés du Net) et la communauté internaute étaient peu enclins à rétrocéder le «gouvernement» du réseau à un organisme international, par exemple une antenne des Nations unies, il fut décidé de le confier à une entité privée. Fin 2000 furent organisées des «cyberélections mondiales», peu convaincantes,