Printemps 2000 : je télécharge en deux clics mon premier MP3 sur Napster : un morceau de l'album Made in Japan de Deep Purple. De quoi rester assis : les perspectives offertes par cette technologie paraissent infinies, malgré la relative lenteur de mon modem (56K). De substantielles économies sur le budget musique sont en vue. L'interface est intuitive, un clic sur un titre suffit, et comme la communauté des napstériens s'étoffe sans cesse, le nombre et la diversité de MP3 disponibles grimpent en flèche. J'atteins les dix téléchargements par jour.
Bouchons. Puis rapidement ça se gâte. Avec le succès viennent les bouchons : des heures pour télécharger un morceau, un disque dur sur le point de s'écrouler sous le poids de tous les fichiers rapatriés. On se calme et on revient à des occupations socialement plus saines.
Début 2001 : Napster est sous le feu de la justice américaine et bénéficie d'un gros coup de pub. Le nombre de chansons disponibles connaît un pic, puis ça va dégringoler peu à peu. Qu'importe la mort de Napster, les successeurs sont déjà en place. On en trouve les adresses sur divers forums. Me voici bientôt sur BearShare, c'est-à-dire sur le réseau Gnutella. Armé d'un nouveau disque dur, capable d'avaler facilement 10 gigaoctets de fichiers, je repars à la chasse aux MP3. Pour jouer le jeu, je propose aux autres de charger mes 70 morceaux. Mais personne n'en veut. 70, cela peut sembler peu. Mais pas question pour moi d'en garder plus sur mon disque dur. Et surtout