«Ce n'est pas la première fois que des candidats à l'émigration vers un improbable eldorado occidental confondent Etat virtuel et Etat réel, relève Frédéric Lasserre, professeur au Département de géographie à l'université Laval de Québec, et auteur d'une étude sur les pays virtuels (1). En février 2001, la République de Lomar avait dû faire face à un scandale lié au trafic de ses passeports.» Cet Etat imaginaire mais présenté sur le Net comme bien réel, et situé entre le Canada et les Etats-Unis avait été repéré par des intermédiaires nigérians peu scrupuleux, qui revendaient ses passeports comme de véritables documents.
Autre exemple: «En octobre, la principauté de Sealand (circonscrite à une ancienne plate-forme de l'armée britannique proche des côtes anglaises) avait dû retirer tous ses passeports et en distribuer de nouveaux modèles, suite à une plainte déposée par le gouvernement allemand, alarmé par le nombre croissant de vrais faux passeports de Sealand.»
La multiplication des Etats virtuels, plus ou moins fantaisistes, est un des phénomènes les plus fascinants du Net. Cet art est parfois poussé si loin avec de passionnants débats constitutionnels que l'on peut s'y méprendre. «Certains Etats virtuels se donnent toutes les apparences de la souveraineté: passeports fort bien conçus et crédibles, cartes d'identité, monnaie, armes, drapeau, constitution», souligne Frédéric Lasserre. Si bien que sur l'Internet, vrais et faux Etats se retrouvent quasiment sur un pied