L'idée était ambitieuse : faire voter les usagers de l'Internet afin qu'ils puissent désigner leurs représentants au «gouvernement du Net», alias l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). Cet organisme gère les aiguillages du réseau, tâche éminemment politique. Le premier scrutin a eu lieu en octobre 2000, mais cet exercice global de démocratie directe s'est soldé par un échec, estime l'Icann, qui vient de décider de le remettre en cause.
Lors d'un sommet au Ghana en fin de semaine dernière, le conseil d'administration de l'Icann a confié à une commission la tâche d'élaborer, d'ici fin mai, un projet de réforme qui pourrait être adopté fin juin à Bucarest. Les élections en ligne prévues pour novembre, afin de renouveler une partie du conseil d'administration, apparaissent de fait fort compromises. «L'Icann n'est pas une démocratie mondiale», a déclaré son président Stuart Lynn. Les élections de 2000 avaient connu un très faible taux de participation, la représentativité du board de l'Icann reste contestée depuis sa création en 1998 et son fonctionnement est quasiment paralysé.
Fin février, Stuart Lynn avait proposé de changer radicalement les règles du jeu, en faisant entrer des représentants des gouvernements dans le board de l'Icann (cinq sièges sur quinze) et en supprimant les membres élus. «Il apparaît clairement que [notre] modèle ne fonctionne pas, estimait-il, parce qu'il nous coupe des institutions du monde réel (les gouvernements) dont le soutien