Une guerre médiatique totale oppose les successeurs du 12, numéro unique des renseignements. Des pastiches emperruqués de Gym tonic au village du Cantal Douze (27 habitants), rebaptisé pendant une journée par un "118 quelque chose", décryptage avec Dominique Quessada, philosophe, auteur de l'Esclavemaître et de la Société de consommation de soi (Verticales).
Peut-on parler depuis cinq mois d'un matraquage publicitaire inédit ?
Non. Il existe de nombreux équivalents aux campagnes "118" en volume de spots. Sauf que nous ne nous en rendons pas compte tellement nous baignons dedans. Avec les 118, l'impression de saturation est produite par la proposition du même service par plusieurs opérateurs qui ont investi et communiqué massivement, en même temps, avec un même message, voisin du zéro absolu : "Le 12, c'est maintenant le 118..." On aurait la même impression d'espace saturé si tous les constructeurs automobiles concevaient le même modèle et le promouvaient en même temps. Mais le matraquage semble sans égal puisque chaque opérateur investit comme s'il était le seul. Etant donné qu'il s'agit d'établir leur légitimité sur la même base que celle d'un monopole qui, par définition, occupe à lui seul tout l'espace symbolique disponible, il leur faut chacun occuper tout l'espace puisqu'il ne saurait y avoir plusieurs légitimités à une même place. En fait, ils rêvent tous d'être ce qu'ils remplacent : un monopole.
Outre cet infernal effet de répétition, comment analyser ces campagnes ?
Je