Menu
Libération
Critique

Norman Mailer, le cinéma dans la bousculade générale

Article réservé aux abonnés
publié le 10 mai 2007 à 7h41

A 84 ans, Norman Mailer reste l'un des écrivains les plus célèbres au monde. L'auteur de les Nus et les morts est également un cinéaste méconnu, auteur de trois films underground tournés à la fin des années 60 et que l'on peut aujourd'hui découvrir dans un coffret DVD. Trois films conçus «contre la façon dont on fabriquait le cinéma à Hollywood» à l'époque et encore aujourd'hui, analyse Mailer. Autrement dit dans l'urgence et l'improvisation les plus totales, à faire passer les films de John Cassavetes pour des parangons de rectitude narrative.

«J'avais l'impression qu'il était possible de faire des choses sans réflexion préalable, explique le bouillonnant Mailer dans une interview reprise sur les DVD. Je voulais que ce soit organique, comme dans la vie : vous ne savez jamais dans quelle direction vous allez.» La genèse de Wild 90 est à ce titre édifiante. Ce huis clos de trois gangsters dans un entrepôt, qui ressemble à un brouillon du Reservoir Dogs de Tarantino, a été tourné avec deux copains de beuverie de Mailer, le temps de deux nuits bien arrosées, grâce à la participation aussi bénévole qu'éthylique ­ au vu des nombreuses scènes mal éclairées ou floues ­ du chef opérateur Don Pennebaker. Même principe de liberté quasi absolue pour Beyond the Law, le plus abouti techniquement des trois films et le plus impressionnant dans son énergie brute, mis en boîte en seulement quatre nuits. A côté, Maidstone ferait presque f