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Libération

«Les meilleures innovations attirent et inquiètent à la fois»

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Philippe Mallein, sociologue au CEA et au CNRS, étudie les réactions des usagers face à un nouveau concept.
publié le 27 mai 2007 à 11h48

Les innovations butent souvent sur l'incompréhension des utilisateurs. Comment réduire le risque d'échec?

_ Philippe Mallein: Classiquement, on ne consulte les spécialistes des sciences humaines qu'une fois le produit conçu. C'est trop tard, évidemment. Le Minatec Ideas Laboratory, avec lequel je collabore, est parti de ce constat. Il fait travailler des sociologues, des spécialistes de la gestion des risques, de l'éthique, des linguistes, des ergonomes, aux côtés d'ingénieurs et d'industriels, en relation avec des artistes et des panels de simples usagers. Ensemble, nous sortons des idées, nous les trions, nous bâtissons des concepts. Et nous imaginons des usages, autour de l'idée des capteurs ­—capteurs de mouvements, d'émotions... Nous nous demandons ce que ces produits pourraient apporter dans les champs personnels, professionnels ou communautaires.

Concrètement, à quelles «épreuves» est soumise une innovation?

_ Nous l'évaluons en essayant de répondre à quatre questions. Comment l'utilisateur va-t-il l'intégrer à ses savoirs existants, à ses pratiques, à son identité sociale et culturelle et, enfin, à son environnement social, économique et relationnel? Ces quatre volets sont importants, car une innovation, pour avoir une chance de passer, ne doit pas bouleverser les pratiques existantes. L'utilisateur doit en outre pouvoir l'accrocher à d'autres techniques qu'il connaît. Et s'il s'agit d'un professionnel,