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Libération

«Cambodge Soir» fermé pour défaut de langue de bois

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publié le 6 juillet 2007 à 8h41

Bangkok

de notre correspondant

Des trois journaux francophones publiés en Asie du Sud-Est, le quotidien Cambodge Soir, édité à Phnom Penh, était le seul à ne pas être un organe de propagande soumis aux volontés du gouvernement local. Contrairement à ses homologues du Laos ou du Vietnam, Cambodge Soir rapportait depuis 1995 l'actualité du pays avec un souci d'équilibre et d'honnêteté. Ce qui en faisait une référence obligatoire pour tous ceux qui voulaient suivre l'évolution du royaume.

Cette voix indépendante s'est tue, étouffée par ce qui a toutes les allures d'un conflit d'intérêt. Dans l'édition du 9 juin, un journaliste écrit un article, basé sur un rapport de l'ONG Global Witness, accusant des proches du Premier ministre Hun Sen d'être impliqués dans des opérations de déforestation illégale. L'article de Cambodge Soir s'accompagne d'un schéma montrant les liens qu'entretiennent Hun Sen et son épouse Bun Ranny avec les exploitants forestiers incriminés. Le lendemain, le journaliste est brutalement «mis en vacances» par le directeur (et actionnaire minoritaire) du journal, Philippe Monin. Lequel se trouve être aussi un conseiller de l'Agence française de développement (AFD) auprès du ministre cambodgien de l'Agriculture.

Estimant ce licenciement injuste, la rédaction se met en grève. Philippe Monin annonce alors qu'il ferme le journal pour «faillite économique». Depuis, les journalistes ne savent pas à quoi s'en tenir. «Cela fait q