Les Maîtresses de Dracula est un Dracula de Terence Fisher, mais sans Christopher Lee. En fait, c'est aussi un Dracula sans Dracula, puisque le monstre dentu, joué ici par David Peel, se nomme Meinster et est baron et non plus comte.
Ceux qui vous diront que cela n'a pas d'importance se moqueront de vous. Dans le premier Dracula (le Cauchemar de Dracula) de Fisher, Lee était un vampire très réussi. Le jeune baron possède moins d'élégance et de sobriété. Pour le reste, le docteur Van Helsing est bien là et toujours sous les traits aigus de Peter Cushing. Il court une fois de plus derrière les vampires, manque de se faire boulotter la carotide et, en définitive, saura encore triompher du mal. Terence Fisher fait toujours preuve de ce sens de la mesure, qui lui fait raconter une histoire follement gothique avec une précision clinique et même analytique.
Les décors de Bernard Robinson, spécialiste de ce genre, sont magnifiques, la musique de Malcolm Williamson, expressive à souhait. Il y a bien une grosse chauve-souris, pardon un vampire, qui est un peu ridicule, mais l'ensemble fout la frousse à plusieurs reprises. Par exemple quand feue Madame la baronne, la mère du maléfique Meinster, descend les escaliers derrière Van Helsing en essayant de cacher ses canines. Elle fait soudain face au bon docteur, qui ne semble pas trop apeuré, en tout cas moins que nous :
La baronne : «Qui êtes-vous pour ne pas avoir peur ?»
Van Helsing : «Seul Dieu n'a pas peur.»
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