Correspondance à New-York. Le journalisme d'investigation à l'américaine n'est pas encore mort. Mais ce n'est pas de la presse traditionnelle que viendra son salut. Sommée par ses propriétaires d'être rentable, celle-ci coupe dans les budgets et supprime les postes d'enquêteurs à tour de bras. Mais de plus en plus d'organisations à but non lucratif, comme ProPublica, dont la création vient d'être annoncée à New York, reprennent le flambeau abandonné peu à peu par les quotidiens.
ProPublica est le plus ambitieux projet jamais lancé en la matière : 24 journalistes, l'une des plus grosses rédactions d'investigation tous médias confondus, des bureaux à New York, et un budget de 10 millions de dollars (7 millions d'euros) par an. «C'est fantastique d'avoir autant d'argent, s'extasie Brant Houston, directeur de l'association Investigative Reporters and Editors. L'investigation coûte très cher, en temps et en dollars. C'est le premier poste supprimé dans les rédactions quand il faut restreindre les dépenses.»
Impact. Encore plus enviable, ces 10 millions de dollars annuels sont investis à perte par un couple de milliardaires californiens, Herbert et Marion Sandler, anciens propriétaires de Golden West Financial Corporation. ProPublica ne cherchera même pas à vendre ses enquêtes, simplement à les placer dans les grands journaux pour un maximum d'impact. A défaut, elle les publiera sur son site Internet, a expliqué le futur rédacteur en chef, Paul Steiger, qui va quitter