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Libération
Critique

Dominique Laffin, fragile esquisse

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publié le 4 janvier 2008 à 1h49

Dominique Laffin avait de grands yeux tristes, un visage poupon, des formes pulpeuses et une voix noyée. Dans le cinéma français néo-Larzac, cette féministe (elle avait plaqué mari et petite fille, laquelle se prénomme toujours Clémentine : vous la connaissez, sa voix porte désormais haut au sein de la gauche parisienne) avait la fragilité d'une Marilyn. Dans le jeune cinéma d'auteur français des années 80, elle sera une Loulou ombrageuse. Dans le Portrait d'une enfant pas sage que lui consacre Laurent Perrin (travail qui lui a demandé un an de recherche et lui a permis de trouver des documents exceptionnels - on pense avant tout aux rushes vidéo du tournage avec Doillon), ceux qui ont travaillé à ses côtés évoquent à plusieurs reprises un Patrick Dewaere au féminin.

Carrière courte, existence dangereuse parsemée de quelques chefs-d'oeuvre parmi lesquels le Tapage nocturne de Catherine Breillat (qui hélas ne passe plus nulle part) et le film qui lui valut d'être nominée aux césars en 1980, la Femme qui pleure. Soit juste le plus beau Doillon : 1 h 25 de grâce absolue, de retenue et de douleur entre un homme (Doillon himself) et deux femmes. Celle qui pleure (parce qu'on la laisse), c'est Dominique Laffin. A un moment, elle convoque sa rivale (Haydée Politoff, ex-Collectionneuse chez Rohmer) dans un café de campagne. Au lieu de l'écharper, elle lui montre ses dessins, des dessins d'enfant, d'enfant pas sage.

Dans ce portrait presque trop court